L'anesthésie épidurale

 
Les anesthésies loco-régionales correspondent à l’endormissement de toute une partie du corps sans perte de conscience. Le principe d’anesthésie est le même que celui des anesthésies locales, à l’exception près que le produit anesthésiant est injecté à proximité de la moelle épinière  et couvre donc une plus grande partie du corps. De plus, on y ajoute de la morphine pour augmenter l'efficacité de ce produit anesthésiant afin de permettre une réduction de sa concentration, et donc des effets toxiques possibles.



Ici, on s’intéressera aux anesthésies épidurales, ou péridurales, qui sont une des formes d'anesthésie loco-régionale. Elles sont essentiellement utilisées lors d’accouchements, afin de soulager la douleur et faciliter le travail.
Comme son préfixe d’étymologie latine l’indique, péri signifiant autour, l’injection se fait en 
périphérie de la moelle épinière.  


1.      Le principe de l’épidurale.



Lors d’une épidurale, on cherche à anesthésier la partie du corps s’étendant du bassin jusqu’aux pieds, c’est-à-dire tous les membres pelviens. Pour cela, on introduit une aiguille entre les os de la colonne vertébrale afin d’y placer un cathéter dans le bas du dos, qui diffusera l’anesthésiant associé à un morphinique à la périphérie de la moelle épinière. C’est à cet endroit que les nerfs sensitifs issus des membres inférieurs, ainsi que ceux issus de l’utérus, rejoignent la colonne vertébrale afin de relier le cerveau et transmettre les messages nerveux de la douleur.
 

En injectant l’anesthésiant dans l'espace péridural, autour de la dure-mère, une membrane entourant la moelle épinière et le liquide céphalo-rachdien, celui-ci pourra se fixer sur les récepteurs opioïdes de l'espace épidural.



Une anesthésie péridurale affecte la voie sensitive, c’est-à-dire qu’elle diminue la douleur, mais pas la voie motrice, on peut donc ainsi encore mouvoir ses jambes.



2.      La morphine contre la douleur.




La particularité des épidurales réside dans la présence de morphiniques en plus de l’anesthésiant pour traiter la douleur.

Les morphiniques sont des dérivés de la morphine et possèdent donc les propriétés des opiacés. Celle-ci est un alcaloïde issu de l’opium extrait du pavot. Elle est connue pour ses propriétés psychotropes, c’est-à-dire agissant sur le système nerveux central, mais elle a également un effet analgésique en agissant sur les récepteurs du système nerveux périphérique et central. La coopération des effets analgésiques de la morphine et de l'anesthésiant local est plus efficace que lorsque l'on utilise les deux séparément.

La morphine est une molécule organique de formule brute C17H19NO3 . Elle contient deux groupes hydroxyles, ainsi qu’un groupe phénol, et une fonction amine.

Molécule de morphine


Dans le cerveau, il existe des récepteurs de type opioïde, que l’on retrouve également au niveau du corps cellulaire du neurone situé dans la substance gélatineuse de la moelle épinière et remontant jusqu’au cerveau le long de la colonne vertébrale, aussi connu sous le nom de neurone nociceptif. Ce neurone permet la transmission des messages de la douleur provenant des membres jusqu'au cerveau. Les récepteurs sont appelés µ1, et ont la capacité de fixer l'endorphine, un neurotransmetteur produit naturellement par le corps et permettant d’inhiber la douleur.  

Les récepteurs appelés récepteurs opioïdes sont des peptides enclavés dans la membrane plasmique du  neurone, et sont formés de  sept hélices alpha transmembranaires, composées d’acides aminés, disposées en cercle.


Récepteur couplé à une protéine G, de même type que les récepteurs µ


 La connexion de ces hélices entre elles se fait par trois boucles extracellulaires et trois boucles intracellulaires. Leur extrémité N-terminale est située à l’extérieur du corps cellulaire, tandis que l’extrémité C-terminale se trouve dans le cytoplasme. La fixation de l’endorphine se fait au niveau des structures situées dans le milieu extracellulaire.
Or, on peut observer une similitude dans les structures moléculaires de l'endorphine et de la morphine (et de tous les opiacés en règle générale).


A droite, une molécule d'endorphine, à gauche une molécule de morphine


Comme on peut le voir, les deux molécules possèdent un groupe phénol, formé d’un cyclohexane relié à un groupe hydroxyle. La fixation de l'endorphine au récepteur µ se fait par cette extrémité, ce qui explique l’affinité de la morphine, pourtant exogène, pour ce récepteur.

La fixation de la morphine sur le neurone de la moelle épinière entraîne donc une analgésie, par l’inhibition du potentiel d’action créé par les neurotransmetteurs de la douleur. En effet, un potentiel opposé à celui de la douleur va être créé, grâce à l’action de la morphine sur le récepteur µ, et va fortement diminuer, voir annuler, l’intensité du message de la douleur.

La morphine est plus efficace que les endorphines pour inhiber la douleur, car elle est dégradée plus difficilement par le corps ; ainsi, ses effets analgésiques ont une durée plus longue.


Les complications chez la mère liées à l’anesthésie épidurale restent très rares, environ 1 cas sur 1000 accouchements. Il existe néanmoins des effets secondaires plus courants, comme par exemple une sensation de jambes lourdes après l’accouchement, des vertiges ou des nausées, mais qui disparaissent par la suite.


Bien sûr, il n’y a pas de souci à se faire, vous ne deviendrez pas dépendante à la morphine après une anesthésie épidurale ! En effet, les doses sont contrôlées, et en trop faibles quantités pour présenter un risque de servage.



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